11/01/2022
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Le CCAS, les assistantes sociales, les éducateurs : tous au service de l'autre

Certains handicaps sont visibles, d’autres pas. Mais tous complexifient la vie quotidienne. Or, on le sait, la crise sanitaire a accentué la fragilité des personnes en situation de handicap. Peur de sortir, peur de la maladie... Les professionnels du CCAS de Mérignac ont fait le constat : les personnes en situation de handicap ont aujourd’hui, plus que jamais, besoin d’un soutien adapté à leur situation.

Chaque année, ils sont près de 150 à venir avec des demandes spécifiques autour de la reconnaissance de leur handicap, de l’accès au logement, de la perte d’autonomie... Si le CCAS n’a pas de pouvoir décisionnaire, les éducateurs et les assistantes sociales du service peuvent néanmoins apporter un accompagnement ciblé.

« Nos missions sont larges. Nous aidons les personnes dans leurs démarches administratives pour monter des dossiers ou faire des recours auprès de la MDPH*. Mais nous sommes aussi là pour les orienter vers les établissements médico-sociaux ou pour tenter de rompre leur isolement. Pour cela, nous nous appuyons sur le réseau des professionnels comme le service d’aide à domicile, le Centre local d’information et de coordination de Mérignac, l’équipe mobile d’évaluation et d’aide au répit du foyer occupationnel Jenny Lepreux, le Relais des aidants et les associations comme APF France Handicap ou le SAM pour le sport adapté », détaille-t-on au pôle « Autonomie et dépendance » du CCAS.
*Maison Départementale pour les Personnes Handicapées.

« J'avais besoin d'une assistance. Le CCAS m'a permit de rebondir »

« À la suite de problèmes de santé, je me suis tourné vers le CCAS pour monter un dossier auprès de la MDPH* et faire reconnaître
mon statut de travailleur handicapé. Je ne connaissais pas les procédures, je ne savais pas comment m’y prendre et j’avais besoin d’une assistance. L’accueil a été très chaleureux et ils ont été disponibles tout au long des démarches. Ensuite, j’ai pu faire une remise à niveau et entamer une formation professionnelle. Le CCAS m’a vraiment aidé à rebondir. »

Aliouane Badara Diaw
Travailleur en situation de handicap

Changer les regards

En France, la gestion du handicap a longtemps été l’apanage d’un secteur dit « protégé », avec la mise en place d’institutions spécialisées. Mais les consciences évoluent, les lignes bougent. En 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances a imposé l’instauration d’une commission d’accessibilité des personnes en situation de handicap à toutes les communes de plus de 5 000 habitants. Cette dernière prend en compte toutes les natures de handicap et la « chaîne de déplacement » dans son intégralité. Au-delà de l’obligation légale, la Ville de Mérignac affiche une volonté plus ambitieuse. Car faciliter la vie des personnes en situation de handicap simplifie aussi le quotidien de tous, et notamment celui des seniors ou des parents qui utilisent des poussettes.

Pour concevoir un espace public plus praticable, la commune a mis en place une Commission communale pour l'accessibilité avec les associations du handicap, les établissements médico-sociaux, la société de transport Kéolis, le bailleur social Mésolia et plusieurs Mérignacais qui apportent leurs regards d’usagers. Réunie pour la première fois le 8 novembre dernier, cette commission va se déployer par petits groupes thématiques. Son ambition ? Favoriser l’inclusion de tous : pour les transports, le logement, l’emploi, la formation ou l’école. Actuellement, la Ville travaille aussi avec le GIHP** à la création d'une unité de logements et services au sein du quartier des Ardillos. Seize personnes en situation de handicap et une auxiliaire de vie devraient y emménager mi-janvier.
**Groupement pour l'Insertion des personnes Handicapées Physiques.

"Nous travaillons avec les acteurs de terrain"

« Rendre la ville accessible à toutes les formes de handicap est un enjeu majeur. Bien sûr, il reste beaucoup à faire, les aménagements sont complexes à réaliser. Pourtant, la volonté municipale est bien là et nous avons à coeur de nous entourer des meilleurs. Les partenaires sociaux, les associations, les acteurs économiques, mais aussi les usagers sont pour nous des relais essentiels. Ils sont sur le terrain et connaissent les problématiques quotidiennes auxquelles sont confrontées les personnes en situation de handicap. Nous travaillons ensemble pour rendre Mérignac plus accessible et plus inclusive. »

Léna Beaulieu
Conseillère municipale au handicap et à l’accessibilité

« Les chiens-guides fluidifient la circulation des personnes »

« L’école de chiens-guides Aliénor a été inaugurée en 1985 et depuis sa création, nous avons remis 662 chiens à des personnes déficientes visuelles. Nous sommes hébergés sur la plaine de Marchegay, un terrain municipal, que la mairie met à notre disposition. Pour faciliter nos activités, la Ville nous apporte une aide logistique précieuse et nous prête du matériel à chaque manifestation. Les chiots sont d’abord élevés en famille d’accueil : c’est là qu’ils apprennent les bases de leur métier. Ensuite, les éducateurs de l’école les forment à s’asseoir sur commande, à marcher sur des tapis roulants, à ne pas craindre la foule... Un bon chien-guide doit savoir obéir aux consignes. Il est utile, car il fluidifie la circulation des personnes, et leur permet d’anticiper les obstacles. À l’âge de 2 ans, une fois qu’il connaît son métier, le chien est remis à son nouveau maître. Le service est gratuit, mais le chien appartient toujours à l’école, car nous surveillons son état de santé et menons des formations intermédiaires quand c’est nécessaire. En général, les chiens sont mis à la retraite à 10 ans. »

David Platey
Chargé de communication de l’École de chiens-guides Aliénor

« La seule ville de la métropole à proposer autant de dispositifs »

Françoise Jourdain, Directrice du Centre de l’audition et du langage raconte : « Situé près des écoles élémentaires Jean-Jaurès I et Jean-Jaurès II, du centre de loisirs de Capeyron et de l’école élémentaire des Bosquets avec laquelle nous pouvons mutualiser la cour de récréation, le Centre de l’audition et du langage est partie prenante de la vie de la cité. Cette proximité géographique est fondamentale, car l’inclusion est au coeur de notre projet d’établissement. La convention passée avec la ville de Mérignac facilite les parcours des enfants sourds ou dysphasiques*** que nous accueillons. Depuis quatre ans, le CAL dispose ainsi de deux Unités d’enseignement externalisé à Jean-Jaurès I et II, et cette année, un de nos enfants intègre une classe de l’école. C’est un bel exemple de parcours inclusif ! À l’inverse, nous recevons chez nous les enfants de l’école sur la pause méridienne et ceux du centre de loisirs pendant les vacances. De manière générale, nous travaillons en étroite collaboration avec le service Éducation de la municipalité. Nous mettons nos locaux et nos bus à leur disposition. Cette mutualisation des moyens va dans le sens de l’inclusion.
L’enrichissement est réciproque : il est bon pour les enfants en situation de handicap qui mènent une vie hors de nos murs, mais aussi pour les enfants du milieu ordinaire qui développent un autre regard sur le handicap. Par ailleurs, nous intervenons régulièrement pour former les personnels municipaux des crèches et des centres de loisirs à la surdité.

Mérignac déploie beaucoup d’efforts pour l’accessibilité des personnes sourdes, que ce soit dans les lieux culturels, pour la formation, la scolarité, l’emploi. C’est la seule ville de la métropole qui propose autant de dispositifs. Ici, la population sourde a une vraie place. »
***Dysphasiques : souffrant de troubles spécifiques du développement du langage oral.

Mérignac, ville inclusive

Le Relais des aidants, une exception mérignacaise

Lieu unique en Gironde, le Relais des aidants a ouvert ses portes en 2018 à tous ceux qui accompagnent un proche, qu’il soit malade, en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Porté par le CCAS de Mérignac et coconstruit avec le CLIC, porte du Médoc, cet espace conçu comme une vraie maison permet de poser un peu ses valises, de verbaliser ses émotions, mais aussi de se repérer dans le dédale des dispositifs possibles. De nombreux partenaires entourent le CCAS pour animer le Relais : France Alzheimer, l’Assurance maladie, ou encore APF France Handicap qui y a instauré des groupes de parole et un programme de formation dédié aux aidants de personnes en situation de handicap. Le Collectif Handicaps y a aussi mis en place une solution de répit pour les parents d’enfants avec troubles du spectre autistique, chaque premier samedi du mois.

Lieu en perpétuelle évolution, le Relais des aidants écrit son offre au gré des rencontres et des besoins et porte de nouvelles initiatives chaque année, comme des ateliers d’art-thérapie, des groupes d’expression libre, un café bien-être, ou encore une formation spécifique autour de la perte d’autonomie. Ce lieu d’exception fait aujourd’hui des émules. D’autres communes s’y intéressent de près.

Le Relais des aidants :
29 rue Alphonse Daudet 33700 Mérignac
Ouvert, le lundi, le jeudi et le vendredi de 14h à 17h, le mardi et le mercredi de 9h30 à 12h30. Renseignements au : 05 56 97 86 24

Le Relais des aidants

« En fauteuil, au temps des chevaliers ! »

« Le confinement a révélé les difficultés des personnes en situation de handicap et j’ai eu envie d’agir. Avec l’appui de l’Association culturelle jeunesse mérignacaise et dans le cadre du budget participatif du Département de la Gironde, j’ai décidé de concevoir un Escape Handi’Game pour les collégiens. Le jeu se déroule au Moyen Âge et il a pour vocation de sensibiliser aux cinq grandes familles de handicap. Pour gagner, les participants doivent passer des épreuves, récolter des indices, tout en se mettant dans la peau des personnes en situation de handicap. Ainsi, ils doivent faire des courses en fauteuil ou décoder des énigmes en braille... J’avais envie de cibler les adolescents, car c’est un âge charnière. À 13, 14 ans, on a envie d’être comme les autres et la différence peut faire peur. Dans un premier temps, nous allons expérimenter le jeu dans les collèges et les structures d’animations. Le projet est arrivé en deuxième place du trophée Idées neuves du Crédit mutuel du Sud-Ouest avec un beau chèque de 2 000 €. J’espère que cet Escape Handi’Game pourra apporter sa petite pierre à l’édification d’une société plus inclusive. »

Osiris Malbranque
26 ans, ingénieur chez Thalès et membre du Comité de pilotage de l’Impact
Articap, une exposition Erasmus+ sur le handicap

Articap, une exposition Erasmus+ sur le handicap

Des jeunes lycéens du Lycée Fernand- Daguin ont participé au projet Erasmus+ « Articap où l'art inclut les élèves en situation de handicap » qui a été exposé dans les lycées Fernand-Daguin et Marcel-Dassault. Cette exposition était visible à l'espace Infos Jeunes en décembre et a vocation à être diffusée dans les écoles et collèges de la Ville. L'inclusion et la sensibilisation commencent dès le plus jeune âge.