02/02/2023
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Le photographe de 52 ans, inspiré par les fleuves du monde entier, a été marqué par une enfance blayaise, entre ennui et rêverie, dans un dialogue constant avec l’estuaire de la Gironde. Entretien.

Vous souvenez vous de votre première photo ?

C’était déjà à Blaye, une photo du fleuve... mon père, mes proches au bord de l’eau. On retrouve une partie de ces moments intimes dans l’exposition. C’est la première fois que j’y consens. Je me suis reposé sur le choix de la scénographe Émilie Flory, avec qui j’ai déjà travaillé sur mon volet Québec et mes photos du Saint-Laurent. Elle peut montrer des images des miens, car elle y voit des choses que je ne perçois pas moi-même et qui peuvent toucher le public. Moi, je ne m’y autoriserais pas.

Quelles oeuvres avez vous sélectionnées pour cette exposition ?

Nous avons opéré un choix parmi trois volets, trois histoires qui n’en font qu’une, avec des écritures photo très différentes, utilisant la couleur, le noir et blanc, l’argentique. On y verra des clichés de la Gironde, bien sûr, mon fleuve intime, mais aussi du Saint-Laurent avec des baleiniers basques et des photos de l’Adour, comme un retour au portrait. Ce dernier volet, sur lequel je travaille encore, est plus engagé car je m’intéresse aux hommes qui vivent au bord d’un fleuve qui n’est plus retenu par la berge, qui devient violent et détruit leurs habitations. C’est une série plus réaliste, moins onirique que mes productions habituelles.

Pourquoi cette obsession pour les fleuves ?

Les îles de la Gironde que je voyais depuis la citadelle de Blaye, m’ont donné très tôt des envies d’ailleurs. J’ai beaucoup voyagé depuis : en Afrique, en Inde, en Amérique, en Mongolie... Le Mékong, le fleuve Amour, le Bosphore, le Gange, mais aussi les grands lacs mongoles, sont si vastes qu’ils permettent la contemplation et l’évasion. En même temps, ce sont des paysages universels où l’on peut voir les mêmes racines nues dans l’eau, les mêmes pêcheurs avec des gestes comparables. Les fleuves représentent donc l’intime et l’ailleurs. Partir et revenir, c’est adopter le même mouvement que les marées. Et le retour s’accompagne toujours d’un oeil neuf.

Vous revenez exposer à Mérignac... comme un retour aux sources ?

C’est vrai, j’avais déjà fait une expo à Mérignac en 2015 [ndlr : L’adieu au fleuve], et je suis heureux d’investir aujourd’hui la Vieille Église que je considère comme l’un des plus beaux lieux d’exposition de la Métropole. Mérignac fait preuve d’un engagement affirmé sur l’image et la photo. L’expo des 8 femmes* de l’agence VU – agence dont je fais partie – en est la preuve : c’était du très haut vol.

*Histoires particulières – Claudine Doury, Vanessa Winship, Darcy Padilla, Magali Lambert, Maia Flore, Martina Bacigalupo, Anne Rearick, Arja Hyytiäinen, du 14 mai au 4 septembre 2022.
 

Christophe Goussard

Ces clichés autour des fleuves sont apaisants. Mais pas seulement : ce voyage immersif, léger, onirique parfois, est en même temps plus grave car il montre la richesse d’un environnement dont nous n’avons pas toujours conscience et l’impact de l’homme sur ce milieu riche et fragile. »

Vanessa Fergeau-Renaux
Adjointe déléguée à la culture

L'exposition se déroule à la Vieille Eglise de Mérignac du 14 janvier au 9 avril 2023.
Exposition en entrée libre du mardi au dimanche de 14h à 19h (sauf les jours fériés).

Médiation culturelle

  • Samedi 14 janvier : visite regards décalés / 11h-12h avec la Klau’s compagnie
  • Samedi 11 mars : atelier famille / 11h-12h30
  • Vendredi 17 mars : visite entendants, malentendants et sourds / 19h-20h
  • Samedi 25 mars : atelier famille / 11h-12h30
  • Samedi 1er avril : visite grasse mat’ / 11h-12h
  • Vendredi 7 avril : visite LSF / 19h-20h

Programme complet des ateliers sur merignac-photo.com