08/10/2024
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Offrir une nourriture saine en circuit court

Si la part de l’agriculture dans la commune est traditionnellement faible (autour de 5 %), elle augmente (+8,7 % de surfaces agricoles entre 2011 et 2021) et se diversifie avec des maraîchers, d’un héliciculteur (éleveur d’escargots) et d’aquaponistes (maraîchers éleveurs de poissons). En 10 ans, le nombre d’agriculteurs a doublé. 

« La politique agricole de la Ville porte ses fruits », se réjouit-on à la mission écologie urbaine de Mérignac. « En 2018, en partenariat avec la SAFER, la Ville a imposé le maintien d’une activité agricole productive sur 50 hectares à Beutre. Elle a participé au choix des candidats et les a accompagnés dans la création de leur exploitation. »

Aujourd’hui, Mérignac va plus loin et s’apprête à mettre en culture sa 1re ferme urbaine, dont une partie de sa production sera destinée aux crèches municipales. 

 

De la ferme à la crèche, le circuit ultra-court

Le maraîcher, Quentin Gross, a été retenu l’année dernière, un puits a été foré à 28 m de profondeur et des serres ont été installées cet été. D’ici quelques semaines, la ferme commencera à alimenter les 300 bébés des 5 crèches municipales en salades, épinards, choux, oignons et autres blettes. Un circuit ultra-court pour des produits ultra-frais et tous certifiés bio ! Le projet prévoit aussi, avec la montée en puissance de la production, de la vente à la ferme. Autant de portes ouvertes pour reconnecter les citadins aux rythmes et produits de la terre.

 

L’agriculture s’adapte à la ville

Produire des fruits et légumes sans terre, mais avec un élevage de poissons, planter des fruits et des légumes sur les trottoirs, partager un potager entre voisins... : Mérignac accueille aussi des formats agricoles plus urbains. 

« Nous avons accompagné toute l’installation de la 1ʳᵉ ferme aquaponique, du choix du terrain à tous les dossiers administratifs », indique la mission développement économique. « Particulièrement pertinente en ville, elle permet de produire plus sur moins de surface, elle consomme peu d’eau et ne génère aucune pollution. »

La Ville soutient aussi un projet de conserverie itinérante, le développement des jardins partagés pour leur fonction nourricière et conviviale ou, plus récemment, l’installation des Incroyables comestibles, une association qui plante et entretient de petits espaces nourriciers accessibles à tous, partout en ville.

Un marché gagnant/gagnant !

« Après la création d’une zone agricole pour installer de nouveaux agriculteurs, les élus se sont engagés en 2020 à accélérer la relocalisation de terres et d’activités agricoles. C’est ce que nous avons fait avec la création de la 1re ferme urbaine : la Ville loue les terres et l’outil de travail à un maraîcher qui s’engage à alimenter les crèches, puis les habitants, en produits frais, locaux et tous bios. C’est un marché gagnant/ gagnant et un premier pas vers les objectifs de résilience alimentaire. »

Serge Belperron
Conseiller municipal délégué à l’alimentation durable et à l’agriculture urbaine
Mérignac nourrit leur projet, ils nourrissent Mérignac : qui sont-ils ?
Christophe Soubiale : la ferme aux escargots

La « cueillette » des escargots à la lampe électrique la nuit, les grands repas de famille préparés ensemble le lendemain... Pour Christophe Soubiale, le gastéropode est pour toujours associé à l’enfance.

 

« Charentais, cuisinier de formation, j’ai commencé par préparer les escargots avant d’avoir envie de les élever », résume-t-il. Retenu par la Ville pour installer une exploitation, l’héliciculteur lui a finalement donné une dimension plus associative que commerciale : « J’ai dédié une parcelle à la création d’un jardin partagé », explique-t-il, « et sur le reste, l’idée est de développer une ferme pédagogique autour de l’élevage d’escargots. » 

 

Avec une petite production et de la vente directe pour financer l’association, le site pourrait aussi accueillir un musée de l’escargot, acheté clé en main en Ariège, par Christophe Soubiale. Des escargots à suivre !

 

• Adresse : 3 Chemin de Sabatey

Quentin Gross : le maraîcher bio des bébés

C’est lui que Mérignac a retenu au terme d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI), pour mettre en culture plus d’un hectare de terre municipale à Chemin Long. Et Quentin Gross en est très fier : « J’ai entendu parler de cet AMI par François Driot, le maraîcher chez qui je faisais un stage l’année dernière », indique-t-il. « Après 15 ans dans la comptabilité, je terminais alors ma formation au maraichage et déjà 3 ans d’exploitation au sein de la couveuse de Pessac. Je commençais justement à chercher du foncier pour m’installer. C’est un grand honneur d’avoir été retenu et une chance incroyable de pouvoir disposer d’un outil de travail tout équipé pour travailler. Serres, réseau d’irrigation, clôture, et cet hiver, hangar, station de lavage, chambre froide, tout est neuf, fonctionnel et aux normes pour un loyer plus que compétitif ! » 

 

En contrepartie, le bail rural conclu pour 9 ans avec la Ville stipule que toute la production sera bio et que les crèches municipales seront les premières clientes de Quentin Gross : « Nourrir de très jeunes enfants avec de bons produits, c’est un métier qui a du sens pour moi », se réjouit-il. Pour les surplus, Quentin Gross n’a pas d’inquiétude, entre vente directe et réseau des supermarchés bio, la demande de produits bio est loin d’être satisfaite en local.

 

• Adresse : 101 av de l’Alouette

François Driot : des légumes et bientôt des fruits

Conseiller en gestion de patrimoine, François Driot s’épanouissait surtout après le travail, dans son potager : « C’était ma bouffée d’oxygène », se rappelle-t-il. « J’ai finalement décidé d’en faire mon métier et j’ai entrepris une formation au maraichage. Au moment de m’installer, il n’était pas question que je m’éloigne de Bordeaux où ma femme travaille. L’appel à projet agricole de Mérignac est tombé à pic, j’ai pu m’installer en 2018 à 5 minutes du lieu où j’ai grandi. »

 

À l’origine, François Driot avait opté pour la vente directe de ses légumes, mais, après l’afflux de citadins revenus vers les fermes pendant la période Covid, il a sécurisé ses revenus et vend désormais l’intégralité de sa production aux supermarchés bio de la métropole. Après un printemps trop pluvieux et une année 2024 difficile, le maraîcher pense aujourd’hui à se diversifier : « C’est l’une des clés pour limiter les risques », espère-t-il, « je vais planter des arbres fruitiers et mettre en avant une production fruitière locale. ». Pêchers, abricotiers, kiwis, devraient commencer à prendre racine dès cet automne.

 

• Adresse : Chemin de Sabatey

Vincent Dubourg : les porcs noirs arrivent en ville

Lui aussi installé en 2018, sur un terrain de 8 hectares acheté à la commune, Vincent Dubourg est un local : « Mon père possède une exploitation et des vaches laitières juste à côté. Je travaillais - et travaille encore quelques heures par jour - pour lui quand la Ville m’a offert l’opportunité d’acheter une parcelle voisine qui, avec ses grands arbres magnifiques, me plaisait depuis toujours. »
Elle accueille aujourd’hui une centaine de porcs noirs, une race de cochons originaire des Hautes-Pyrénées qui se caractérise par la qualité particulière de son jambon sec. Pourquoi une production si atypique à Mérignac ? « J’adore manger, j’adore la bonne charcuterie », avoue-t-il, « mais je m’étais juré de ne jamais faire de cochon industriel… Puis je me suis rappelé de l’élevage visité dans les Pyrénées pendant mes études et j’ai acheté mes quatre 1ers noirs de Bigorre. » 

De l’élevage à la vente directe dans la boutique familiale en passant par la découpe, Vincent maitrise plusieurs métiers. Il vient même de créer une nouvelle activité : « Je propose aujourd’hui des porcelets à la broche avec des frites », indique-t-il, « soit pour des fêtes privées, mariages ou anniversaires, soit pour des événements locaux. L’événementiel est un revenu complémentaire très intéressant. » 
Avec déjà une quinzaine de manifestations cette année, le jeune entrepreneur s’organise pour prospecter les festivals dès la saison prochaine.

• Vente directe à la boutique de la ferme
• Adresse : Chemin de Sabatey

Vous avez dit aquaponie ?

Il y a 5 ans, un groupe de 5 trentenaires en reconversion se lançait dans une aventure agricole inédite en Gironde : une 1ʳᵉ ferme aquaponique ! Aqua quoi ? L’aquaponie est la combinaison entre l’aquaculture (élevage de poissons) et l’hydroponie (culture horssol des plantes grâce à de l’eau enrichie en matières minérales). Concrètement, les déjections des poissons sont transformées en nitrates par des bactéries. Les plantes filtrent l’eau des poissons et se nourrissent des nitrates, l’eau revient donc assainie vers le bac des poissons. 

« Un circuit d’eau fermé, aucun produit chimique, pas de chauffage ni de lumière artificielle : le procédé nous a séduits pour son côté environnemental, mais aussi pour sa pertinence dans un milieu urbain que nous n’étions pas prêts à quitter », reconnait Laure Gaury, l’une des co-fondatrices de l’entreprise baptisée Les nouvelles fermes. Le test est un succès et, en 2022, avec le soutien de la Ville et de la Métropole, une 2ᵉ ferme est créée sur 5 000 m² à Mérignac dans la zone de l’Aéroparc. Le modèle économique reste le même : une production de légumes et de truites (déclinées en filets, en rillettes ou fumées), des ventes directes ou en circuits ultra-courts pour la grande distribution métropolitaine. Avec déjà 18 salariés en CDI, l’ambition à long terme est de continuer à ouvrir de nouvelles fermes dans la ceinture bordelaise pour nourrir les citadins et augmenter l’autonomie alimentaire du territoire.

• Vente à la ferme le mercredi matin et vente au marché de Mérignac le samedi matin
• Contact : bonjour@lesnouvellesfermes.com 
• Adresse : 14 avenue de la Grande Semaine