L'info éco de la semaine à Mérignac
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Numéro spécial filière drones civils
en partenariat avec Bordeaux Technowest
À l’occasion de la septième édition du salon UAV Show, la lettre d’info économique consacre un numéro spécial à la filière du drone civil professionnel, une des filières économiques à plus haut potentiel d’innovation, née à Mérignac en 2005, développée et accompagnée par Bordeaux Technowest depuis cette date.
Quelques jalons historiques
Inauguration de la première édition d’UAV Show à Mérignac en 2010
Si les premiers avions sans pilote apparaissent au cours de la première guerre mondiale, aux États-Unis, en Allemagne et en France, l’histoire des drones (drone = faux-bourdon en anglais), dans leurs applications civiles (audiovisuel, inspection, sauvetage, agriculture, loisir…), n’apparait et ne s’accélère que depuis le milieu des années 2000.
Concrètement, la filière du drone civil française est née en 2005 dans la pépinière de Bordeaux Technowest, située à l’époque dans l’immeuble James Watt de Chemin Long à Mérignac. À cette date, le concept même de drone civil n’existe pas, le drone étant militaire par essence.
Historiquement, le premier projet, Aelius (Aeroart), a donc été porté par 2 jeunes ingénieurs en 2005. À l’époque, Aelius, issu d’un projet de fin d’étude, était un drone amphibie qui devait intervenir pour la recherche océanographique et météorologique, en fournissant des données aquatiques et aériennes. Les marchés ciblés étaient la pêche industrielle et la sécurité côtière. Aelius sera suivie par 3 autres projets la même année, donnant naissance à la filière.
En 2009, la technopole créée la zone d’essais drones à Souge (Martignas-sur-Jalles), puis le salon UAV Show en 2010, dans le cadre du centenaire de l’aéronautique voulu par Michel Sainte-Marie, maire de Mérignac à l’époque (1974-2014).
15 ans plus tard, c’est plus de 30 sociétés de drones qui sont nées à Mérignac dans l’incubateur ou la pépinière, une d’entre elles étant devenue le fleuron de la filière, Azur Drones, issue de la technologie Skeyetech. Quant à UAV Show, il n’a cessé de confirmer son positionnement international de salon de référence pour le drone civil professionnel.
Les perspectives économiques de la filière
En 2015, le marché mondial du drone civil et militaire était estimé à 4 milliards de dollars. Selon un rapport du Sénat paru en 2017, celui-ci devrait atteindre 14 milliards d’ici 2025. D’autres sources spécialisées avancent même le chiffre de 72 milliards en 2028, avec un taux de croissance annuel moyen de 14,4%. Selon la Direction de la sécurité civile (DSAC), 2.000 nouveaux exploitants professionnels apparaissent chaque année en France. Toutes filières économiques confondues, c’est l’un des marchés émergents qui possède le plus gros potentiel.
Sur le moyen terme, l’avènement du drone civil est un progrès technique majeur. Les limites de ses applications, longtemps dominées par l’audiovisuel et la prise de vues, sont régulièrement repoussées, ce qui augmente la taille de son marché. Dans une récente étude (août 2023), le cabinet Teal Group indique que « les drones demeurent le segment le plus dynamique de l’industrie aérospatiale cette décennie ».
Pour ce qui est des applications, le drone révolutionne la pratique de certains métiers, comme c’est le cas actuellement pour l’inspection (des bâtiments, des réseaux, des usines) ou pour des métiers comme celui de géomètre. Ce succès vient surtout du fait que le recours au drone ne nécessite qu’un investissement limité.
De nouvelles applications comme le transport de marchandises et de passagers sont par ailleurs en train d’émerger.
Pour ce qui est du cadre, les deux principaux axes sont l’insertion des drones dans l’espace aérien, ce qui explique la collaboration de Bordeaux Technowest avec l’aéroport et les essais en bords de piste cette année lors de la journée de démonstration de l’UAV show.
Le deuxième axe est la grande élongation et la possibilité pour les drones de parcourir de longues distances.
L’évolution de la règlementation
Le corridor de longue élongation d’Hourtin
Au moment de son émergence au milieu des années 2000, l’usage des drones était caractérisé par un vide juridique. Or, pour ce type d’activité, c’est le cadre juridique qui structure le marché. Un des premiers enjeux pour Bordeaux Technowest était de créer ce cadre, en partenariat avec la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC).
C’est à la suite du succès de la première édition d’UAV Show que la DGAC souhaite mettre en place une première réglementation. Bordeaux Technowest est associé dès le départ aux travaux. La start-up Fly-n-Sense, hébergée à Bordeaux Technowest, sera d’ailleurs la première entreprise en France à obtenir son autorisation de vol dès 2010.
De fait, la France est donc le premier pays dans le monde à se doter d’une règlementation spécifique en avril 2012. Celle-ci ne cesse de s’affiner depuis cette date, notamment pour définir le survol des zones d’habitation ou de sites sensibles, les altitudes maximales, les prises de vue aériennes, le poids des appareils, leur enregistrement, la formation des pilotes, la distance maximale entre le drone et son pilote, etc.
L’enjeu de la grande élongation
La « longue élongation » désigne les vols de drones à partir d’une centaine de kilomètres. Jusqu’à cette année, aucune zone d’essai ne permettait de réaliser ce type de vols. Depuis le mois de juin, Bordeaux Technowest, via Cesa Drones, s’est dotée d’une base à Hourtin, à 10 km de la mer.
La création de cette nouvelle zone d’essai de 700 km² (100 km de long X 7 km de large), qui fera l’objet d’une convention entre la DGA et la DGAC signée au cours d’UAV Show, ouvre le champ à des nouvelles et nombreuses applications (l’inspection de grandes infrastructures, la sécurisation de zones côtières, frontalières ou de grands événements, la recherche de victimes ou encore les missions de défense).
UAV Show Acte VII
Le premier salon UAV Show est organisé les 15 et 16 septembre 2010, en partenariat avec l’agence de communication Territoires & Co, dans le cadre du centenaire de l’aéronautique voulu par Michel Sainte-Marie, alors maire de Mérignac. Dès cette première édition, organisée sur le parking du centre de services de Bordeaux Technowest, mais inaugurée par Christian Estrosi, ministre de l’Industrie de l’époque, UAV Show se positionnait comme le premier rendez-vous européen de la filière.
Les éditions suivantes organisées à la BA 106, au pavillon du Pin Galant, puis au Palais de l’Atlantique à Bordeaux n’ont fait que confirmer cette tendance, avec une progression régulière du nombre d’exposants, de visiteurs ou de son rayonnement, y compris à l’international.
Pour sa septième édition, le salon se déplace au Palais des congrès et proposera 3.000 m² de surface d’exposition, pour une centaine d’exposants nationaux et internationaux. Les organisateurs (Bordeaux Techowest et BEAM) attendent par ailleurs entre 2.000 et 2.500 visiteurs professionnels.
En marge du salon seront organisés des conférences, des tables rondes, un challenge innovation et surtout la signature d’un accord majeur entre la DGA et la DGAC, notamment dans le cadre de la création de la zone de longue élongation d’Hourtin.
Le troisième jour sera consacré à une journée de démonstration en extérieur, le « demo day », qui se déroulera rue Marcel Issartier, sur l’emprise foncière de l’aéroport à quelques dizaines de mètres d’où le salon est né, en partenariat avec la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC).
C’est la première fois que le site d’un aéroport sera utilisé par des drones.
UAV SHOW – Le salon européen du drone professionnel
Et Mérignac ?
UAV Show au Pin Galant en 2016
C’est dans les locaux de Bordeaux Technowest à Mérignac, à l’époque dans l’immeuble James Watt de Chemin Long, que les tous premiers projets de drones civils ont été accueillis et accompagnés à partir de 2005, et de fait, que la filière drones est née.
Le salon UAV Show a ensuite été créée en 2010. C’est à Mérignac que se sont tenus les cinq premières éditions, sur le site de Bordeaux Technowest, à la BA 106, puis au pavillon du Pin Galant, avant la formalisation d’un partenariat avec CEB (devenu Beam) et son transfert à Bordeaux en 2020.
L’ancrage mérignacais a toujours été maintenu, avec l’organisation de la soirée de gala (pour les exposants) et le spectacle de Dronisos au château Luchey-Halde en 2021. L’édition 2023 marquera un retour aux sources et une innovation importante, avec l’organisation de la soirée de gala à la Maison Yoü, le spectacle de drones de Dronisos lancé du site de Dassault Aviation et la journée de démonstration organisée sur l’emprise de l’aéroport.
Aerix met au point le système de propulsion de demain
Aerix Systems est la suite entrepreneuriale d’un projet étudiant porté par ses deux cofondateurs, Hugo Mayounove et Clément Picaud. Son but est de mettre au point un nouveau système de propulsion omnidirectionnel, qui doit permettre au drone de suivre tout type de trajectoire, même la plus erratique, avec un niveau de stabilité optimal, tout en déjouant les systèmes de détection.
Le système Aerix peut être largué d’un avion en vol ou décoller de la tranche d’un véhicule. Ses applications, tant civiles (logistique, inspection notamment) que militaires, sont quasiment illimitées et repoussent l’usage actuel des drones. Concrètement, un démonstrateur client devrait être finalisé au premier semestre 2024.
Sur le plan du développement, l’entreprise, créée en 2020 et incubée au sein de Bordeaux Technowest, s’est très rapidement fait une place au sein de « l’écosystème drone », tant auprès des structures d’accompagnement que des partenaires industriels.
Dans l’immédiat, Aerix Systems, qui compte désormais une dizaine de collaborateurs, devrait annoncer au cours d’UAV show une levée de fonds et l’arrivée de nouveaux partenaires industriels, intégrer sur 160 m² le nouveau site du Cœur d’Aeroparc et peut être se projeter à moyen terme sur le développement d’un site industriel propre.
Focus sur Azur drones
À date, Azur Drones, qui emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes dans le parc de Vert Castel, est non seulement une des entreprises les plus prometteuses de la filière drone en France, mais l’exemple le plus abouti du rôle de Bordeaux Technowest dans la détection et l’accompagnement de projets innovants.
Les deux fondateurs ont démarré le projet Skeyetech au sein de l’incubateur en 2014, notamment grâce à la bourse de l’incubé. La start-up a ensuite obtenu l’aide du fonds Techno’Start en 2015, avant d’être rachetée par Azur Drones en 2017 et de s’implanter à Vert Castel en 2018.
En ce qui concerne les produits, Azur Drones développe des drones automatiques, sans pilote, opérationnels 24h/24 et capables d’embarquer divers capteurs et caméras. Concrètement, les drones décollent automatiquement lorsque des capteurs détectent d'éventuelles intrusions, effectuent ensuite des levées de doutes afin de confirmer et caractériser ces intrusions, puis retournent automatiquement sur leurs bases de recharge.
Grâce à Skeyetech E2, nouvelle solution multi-applications d'Azur Drones, des fonctionnalités additionnelles sont envisagées, dans le but d’élargir son portefeuille client en ciblant notamment les grands groupes. Il peut réaliser un suivi de chantier par photogrammétrie, surveiller les émissions de gaz avec des capteurs, inspecter des fermes solaires, de grands ports ou encore assurer des missions de sauvetages pour les autorités publiques.
En moins d’une décennie, Skeyetech est donc passé d’un projet de création à une entreprise de 65 collaborateurs sur quatre sites, a levé 40 millions d’euros auprès d’investisseurs français, a réussi à imposer sa technologie et a commercialisé ses drones auprès de très grands comptes en France et à l’international.
Azur Drones - Autonomous aerial surveillance
Chronologie :
- 2005 : Premiers projets accueillis à Bordeaux Technowest
- 2009 : Création de la zone d’essais du camp de Souge à Martignas-sur-Jalle
- 2010 : Lancement du salon UAV Show dans le cadre du centenaire de l’aéronautique à Mérignac
- 2010 : Fly-n-Sense devient la première entreprise à faire voler un drone avec l’autorisation de la DGAC
- 2011 : Implantation de Reflet du Monde à Bordeaux Technowest
- 2012 : Première règlementation sur les drones
- 2012 : Deuxième édition du salon UAV Show
- 2013 : Création du CESA Drones
- 2014 : Création de Skeyetech
- 2014 : Troisième édition du salon UAV Show
- 2016 : Quatrième édition du salon UAV Show au Pin Galant
- 2018 : Cinquième édition du salon UAV Show au Pin Galant
- 2020 : Création d’Aerix
- 2021 : Sixième édition du salon UAV Show à Bordeaux
- 2023 : Création de la zone d’essais d’Hourtin
- 2023 : Septième édition d’UAV Show à Bordeaux et journée de démonstration à l’aéroport de Mérignac
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